Pourquoi dire non à la privatisation du contrôle des stationnements? L'exemple belge.
Dans un contexte de restriction budgétaire toujours plus écrasant pour les communes, la ville de Paris espère bien s'offrir le petit cadeau de 300 Millions d'euros, et cela rien qu'en ... privatisant le contrôle du stationnement dans la capitale.
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Et oui! C'est simple : Plus besoin de payer des agents de contrôles (donc pas besoin d'embaucher de nouveaux fonctionnaires), on confie le boulot à Vinci ou autre entreprise friande des partenariat avec le secteur public, qui, consciente du profit qu'elle peut en tirer embauchera à tour de bras, et somme toute la ville y gagnera des sous.
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Gagnant-Gagnant direz vous? La firme embauche, gagne des sous, la ville aussi et peut financer des projets...alors pourquoi se plaindre??
C'est là une question clef : celle de l'austérité face à la politique de la relance. Prenons donc deux minutes pour détailler et analyser ce problème de fond concernant les contraventions.
Partons des faits : les grandes villes manquent d'agent pour contrôler l'usage des parc-mètres et constatent donc un pourcentage de fraude important. Manque à gagner pour la collectivité qui n'enregistre pas de rentrée d'argent publique. Il y a là deux constats de nature différente : L'un est le manque de rentrée d'argent de la collectivité, le deuxième est le manque d'agents de terrain, qui ne permet pas cette rentrée d'argent. Il n'y a évidemment que deux solutions : Embaucher plus d'agents de contrôle OU offrir l'activité à un agent privé qui se chargera de récolter l'argent et d'en donner une partie à la commune.
Premier scénario, celui pour lequel la ville de Paris et madame Hidalgo voudrait aujourd'hui opter : Offrir l'activité au privé.
C'est l'option envisagée dans un contexte austéritaire. Et oui : plus d'argent public, plus d'embauche. La ville se décharge donc de la tâche et économise sur l'investissement dans des agents de contrôle. Ceux là pourront donc vaquer à d'autres tâches. Oui mais voilà : comme c'est le cas à Bruxelles, les compagnies privées, fortes de leur main mise sur le marché, et justifiant leur investissement dans le secteur, augmentent le prix tu ticket de stationnement. On peut aujourd'hui à Bruxelles payer jusqu'à 9,50€ pour 4h30 de stationnement, parfois 5€ pour deux heures. Ces prix sont en hausse depuis plusieurs années et représentent donc un impôt supplémentaire pour la population bruxelloise. Seulement une partie non négligeable de cet impôt ne revient pas à la collectivité mais à l'agence privée en charge du contrôle.
D'autres villes en Belgique agissent de la sorte et se retrouvent confrontées au même problème : Une hausse des tarifs dans une logique de profit.
Voir aussi : le ptb s'oppose à la privatisation du parking de stationnement la ville de liege
Mais ce n'est pas fini. Un agent de contrôle est payé par la collectivité. Emploi stable, rémunéré en principe correctement et respectueux des conditions de travail de ses travailleurs. Donner le marché au privé signifie encourager des emplois moins rémunérés, comme c'est le cas dans beaucoup de secteurs. Au final, si le gain d'argent pour la commune est conséquent, les conditions de travail des agents sont dégradées, le prix du stationnement augmente, et ce gain d'argent est en fait largement compensé par l'argent que tout un chacun dépensera soit en payant plus de parcmètre, soit en acceptant un travail moins bien rémunéré. Et la balance n'est pas équilibrée puisque partie de cet argent reviendra à un grand groupe privé, et donc ne sera pas utilisé pour faire fonctionner la commune. Ce n'est donc pas une avancée mais un recul de la collectivité.
Deuxième scénario, embauche d'employés communaux. Dans une politique de la relance (à savoir investir à long terme pour relancer l'activité d'un pays ou d'une commune) embaucher des agents de contrôle est la meilleure solution. Ces emplois sont stables et correctement rémunérés, et 100% de l'argent collecté par ces agents revient à la commune. Le prix du ticket de stationnement est géré démocratiquement par le conseil municipal et une augmentation du tarif peut lui être directement reproché. Un gain d'argent à long terme pour la commune, une réduction des fraudes, et une maîtrise du coût de l'espace public pour les habitants de la commune.
Ce choix de la gestion privée par rapport à la gestion publique est toujours présentée comme un accord gagnant-gagnant qui n'est en fait qu'un mirage : Le privé profite des réformes austéritaires pour investir dans des secteurs rentables que les collectivités n'ont plus le pouvoir de contrôler. Il faut lutter contre ces dérives austéritaires!
Les gouvernement précédents ont ainsi diminué le nombre de policiers, de lits d'hôpitaux, d'enseignants, de chercheurs, d'agents d'entretien des forêts etc. etc. dans une logique de rentabilité à court terme, mais qui nuit gravement à la santé, la sécurité, l'épanouissement de nos concitoyens. La société ne pourra pas s'en sortir en confiant toutes ces tâches au privé.
La France Insoumise propose de sortir de cette logique. De lutter au niveau tant national qu'européen pour que cesse cette logique de croissance austère. Une imposition justement répartie et une sortie des traités européens actuels font partie de son programme pour prendre cette directions. Redonner les moyens aux collectivités de mieux gérer leurs activités, plutôt que de devoir s'endetter auprès du privé en lui confiant la gestion et l'investissement dans des projets d'intérêt public.
Voir aussi : pétition non à la privatisation des PV
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