Billet d’Insoumise : Non M. Macron, je n’écrirai pas votre programme !
Le samedi 21 Janvier, les Français résidant à l’étranger ont pu recevoir un email de la part d’Emmanuel Macron les invitant à partager leur « expérience » afin d’élaborer un programme. Programme qui fait encore défaut au candidat à quelques mois de l’élection présidentielle. Sylvia R., vivant à Bruxelles depuis des années et engagée auprès des Insoumises et Insoumis de Belgique, tient à lui répondre dans le texte, et ne mâche pas ses mots :
« Ma réponse au mail (à lire-ci dessous) adressé par Macron aux Français résidant à l'étranger :
"Bonjour, Vous êtes Français(e), et vous habitez dans un autre pays européen. Votre expérience mérite d’être partagée : j'aimerais connaître vos impressions, vos idées, issues de votre vécu dans ce pays. Vos réponses seront prises en compte dans l'élaboration du projet que je porterai lors de l’élection présidentielle, pour faire entrer notre pays dans le XXIème siècle".
Décryptons le message: ça vaut le coup! Pour cela chaque mot a son importance.
Dans la phrase: "Votre expérience mérite d’être partagée"
1) "Votre expérience": Quelle expérience? Celle d'évadé fiscal? Celle de Lobbyiste? Celle du jeune diplômé qui n'a aucun avenir en France? Celle du retraité qui n'a pas les moyens de vivre en France avec sa retraite dérisoire? Celle du travailleur qui ne trouve pas de boulot en France? Celle du routard aventurier? Celle du conjoint d'expatrié ou de l'expatrié lui-même?
L'expérience serait-elle due à des pratiques particulières (d'évadés fiscaux ou de chômeurs?) à nos habitudes ( choix du resto, du yacht, de la balnéothérapie ou de vendeuse chez Auchan, dans sa recherche d'emploi ou de crèche?)
Un tel recensement d'infos suppose de prendre connaissance de quelque 45 ou 46 millions d'expériences potentielles (électeurs) dont quelque 3 millions de Français résidant à l'étranger, (étant entendu que tous les Français sont interrogés par l'équipe Macron, ici, là, ou ailleurs).
2) "mérite": Merci Monsieur Macron de considérer que chacun des individus qui compose la France a de la valeur. Que chaque citoyen est digne d'intérêt. C'est profondément humain.
3) "d'être partagée": encore une idée humaniste. Réconcilier dans le partage l'employée qui a fait une fausse couche chez Auchan avec M.Mulliez, PDG d'Auchan. Saint Macron, que voilà une superbe idée, juste apprendre à nous connaître les uns les autres en partageant nos expériences. Bon, vous ne dites pas comment vous allez procéder pour inviter ces 2 personnes à la même table sauf à prévoir un gâteau pour l'un tandis que l'autre sera honoré d'en picorer les miettes et de payer la note...
70 millions d'expériences! ça fait beaucoup de partages à organiser et beaucoup de travail pour vous et votre équipe... Aurez-vous le temps de nous lire?
2ème phrase: "j'aimerais connaître vos impressions, vos idées".
1) "j'aimerais connaître vos impressions": Vous voulez connaître mes/nos impressions: le Larousse donne comme définitions: "sentiments ou opinion".
Je vous renvoie donc à ce lien qui en a répertorié 879. A mon avis, ça vous évitera les lectures fastidieuses de 70 millions de témoignages
http://www.voie-de-l-ecoute.com/DOC_SAVOIR/34.pdf
"nos idées": Je ne comprends pas très bien sur quoi? Ou plutôt si. En fait, je crois avoir deviné que vous cherchez des propositions, des suggestions, de quoi alimenter un catalogue que vous nommerez "programme"...Sans doute, avez-vous tiré cette idée lumineuse du succès de la consultation des citoyens de Jean-Luc Mélenchon!
Ce qui est ennuyeux pour vous, c'est que vous partez de pages blanches. Vos pages sont vides comme le sont pour le moment vos projets, et que vous comptez bien les remplir avec les propositions de M. Mulliez et celles de la petite dame qui a fait sa fausse couche. Je me demande bien comment vous allez pouvoir concilier les 2!
Votre positionnement "ni gauche, ni droite" qui veut dire, soyons clairs, "à gauche ET à droite" me laisse penser que le grand écart auquel vous devrez vous soumettre ne présage rien de bon pour les anonymes, les invisibles, ceux qui n'ont même pas de nom.
Pour ce qui est de la démarche consultative de Monsieur Mélenchon, celle dont vous cherchez à vous inspirer à travers vos questionnaires, j'aimerais rappeler qu'elle est l'aboutissement d'un engagement à gauche de plus de 40 ans. Les pages de "L'Avenir en commun" sont le fruit de plus de 40 ans de militantisme, plus de 40ans de vrai travail débouchant déjà en 2012 , sur un programme "l'Humain d'abord". Programme repris, amélioré, complété par une consultation citoyenne. Comment imaginer qu'à moins de 3 mois des élections, vous comptez nous faire croire que votre programme aura été élaboré avec le peuple ?
3ème phrase:
"Vos réponses seront prises en compte dans l'élaboration du projet que je porterai lors de l’élection présidentielle, pour faire entrer notre pays dans le XXIème siècle".
1) Vos réponses: Quelle était la question? Ah oui, c'est vrai c'est une réponse au courrier envoyé aux Français de l'étranger. Curieusement, les mêmes consultations font l'objet de mêmes enquêtes sur le territoire métropolitain et sont scrupuleusement consignées par toute une armée de bénévoles qui s'échinent à les relever sur le terrain ou derrière des ordinateurs. D'où l'extension de mon analyse à l'ensemble des Français et pas uniquement aux Français de l'étranger...
2) "seront" : utilisation du futur de l'indicatif ! Le mode de l'indicatif étant celui des actions qui ont, ont eu, ou auront lieu. Donc, avec certitude, nos réponses seront...????
3) "prises en compte" : là , le doute est permis. Qu'est ce qui sera pris en compte? La réponse ou les problèmes?
Prise en compte signifie accusé de réception des problèmes ou proposition de résolution de ces problèmes ?
Quelle sera la réponse que vous adresserez à M. Mulliez, évadé fiscal et à son employée Auchan, quelle réponse au PDG Monsanto et à ses paysans et consommateurs victimes de Monsanto?
Que Répondez-vous à la Planète qui n'a pas de voix pour hurler que vos amis la tue?
4) "dans l'élaboration du projet": Serait-ce que le projet n'est pas élaboré?!!! A moins de 3 mois des élections ! Vous n'avez donc toujours pas de projet? Vous comptez sur vos "sondages" pour évaluer les besoins du marché. Vous avez besoin de comptabiliser ces besoins à partir d'un questionnaire individuel obtenu par du porte à porte sur le terrain ou par les réseaux internet.
Vous ne lisez donc pas les journaux? Vous n'avez aucun contact avec les syndicats? Vous n'êtes pas au courant des conflits sociaux? vous ne savez pas pas ce qu'attendent les jeunes diplômés à la recherche d'un emploi? vous ne savez pas qu'il existe 9 millions de pauvres en France? Il faut qu'on vous le dise ?
Inutile de faire perdre du temps à tous vos bénévoles. Le seul conseil que je vous donnerais, c'est de lire la presse, de préférence autre que Paris Match ...Bref, je note, vous ne savez rien sur les Français et encore moins sur leurs préoccupations.
5) "pour faire entrer notre pays dans le XXIème siècle".
M. Macron, vous ne savez probablement pas qu'avec ou sans vous , le monde est entré dans le XXIème siècle, c'est aussi vrai que de dire nous allons tous mourir un jour.
Encore une formule creuse qui se veut moderne, dans la dynamique d'une formule marketing! Votre start up "En marche" n'a de moderne que le langage où Les bénévoles des meetings sont des « helpers ». Les volontaires sont organisés en « teams ». Vos proches « mappent » (planifient), « targetent » (ciblent), « benchmarkent » (comparent), analysent les « outputs » (« données utilisables »). Ils décrivent En Marche comme une organisation « from scratch » (lancée à partir de rien), une structure qui n’est pas « top down » (verticale) mais « bottom up » (« de bas en haut »). Les comités locaux organisent des « challenges » (défis).(extrait de l'article Médiapart: Dans les rouages de la «Macron Company».)
Votre modernité consiste à gérer la France comme une entreprise où les profits seraient distribués à vos amis du BTP, des banques et des multinationales.
J'attends que vous rappeliez bien dans votre futur programme vos propos:
"Le rôle des responsables politiques, ce n’est pas de démontrer en toute circonstance des capacités, des protections que parfois ils n’ont plus. On ne leur dit pas la vérité (sous-entendu aux Français) : vous avez parfois des changements profonds qui dépassent la capacité que vous avez à y répondre. Vous avez des transformations environnementales, numériques, industrielles, qui ne correspondent plus à la réponse que vous pouvez y apporter. "
Vous avez théorisé l'impuissance politique. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est Nicolas Demorand, l’animateur de l’émission « Questions Politiques » dont j'ai extrait précisément ces propos.
Enfin si vous persistez à chercher des idées, allez au plus court, consultez "L'AVENIR EN COMMUN" . Pas une seule ligne, pas un seul mot avec lesquels je suis en désaccord. C'est MON PROGRAMME ...Vous vouliez mon opinion: la voilà !
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