Se réveiller insoumis un lendemain de premier tour.
Bruxelles. Six mois que la campagne présidentielle des insoumis bat son plein dans la capitale belge. Partie de quelques uns, de moyens dérisoires, de quelques affiches accolées, deux planches pour se faire un étalage sur les marchés, quelques tracts récupérés d'un passage à Paris, l'énergie humaine dépensée durant toute cette période à rapidement porté ses fruits.
Nous sommes aujourd'hui à près de 300 insoumis actifs avec nous sur le terrain bruxellois. Cela sans compter la centaine d'insoumis qui se démène dans tout le reste du pays pour rassembler au delà des frontière françaises.
Arrive alors le soir du premier tour. La journée passée à coordonner la bonne tenue des bureaux de votes grâce à nos délégués et assesseurs (que nous remercions de tout coeur, certain s'étant couché très tard), à suivre frénétiquement les résultats partiels, et sondages arrivant au compte goutte, jusqu'à l'ouverture de notre soirée électorale.
Un véritable succès. Des centaines de personnes venues s'amasser dans un petit bar de Saint-Gilles. pour tenter d'entendre le résultat prévu pour 20h. Des jeunes et des moins jeunes, majorité de visages qui nous étaient encore inconnus. La plupart du temps rayonnant de joie d'avoir pu mettre enfin leur bulletin dans l'urne mais anxieux de savoir ce qui allait en sortir.
Puis tombe le résultat. Les insoumis, que nous avons connus bruyants, énergiques, expressifs, se taisent pour la plupart. Un second tour Macron - Le Pen que tous avons tous redouté et qui finalement a bien lieu. Les coeur sont pour certains meurtris tant ils avaient espéré l'avénement des "jours heureux" pour ce printemps. La douleur est palpable. Une heure passe. Les chiffres ne bougent que très peu et Jean-Luc Mélenchon reste au niveau de 19.6% des suffrages. "Un score énorme" viennent me dire certains, regardant en face l'incroyable ascension que nous avons réalisée dans les derniers mois et que nous n'espérions à un certain moment même plus. Ceux qui gardent leurs esprits me motivent. Ce score est effectivement historique. Il nous faut continuer sur cette lancée, ne pas se résoudre à la défaite.
En tant que représentant du mouvement surplace et directeur de campagne de Sophie Rauszer notre candidate aux élections législatives, je prends la parole. La foule est encore dense, certains attendaient avec impatience un élan de résistance à un tel résultat d'élection. Oui mes amis ce score est historique. Le triple de celui du parti socialiste, nous propulsant à l'issue de cette présidentielle comme la seule force de gauche en capacité de gouverner le pays et de faire barrage à l'assemblée aux réformes de droite et d'extrême droite qui nous attendent. Nous avons une élection à gagner, celle des législatives, et nous sommes aujourd'hui en mesure, notre dynamique s'amplifiant de jour en jour, de la gagner. Pour gouverner le pays et en réformer les institutions il nous faut prendre part à la vie politique à tous les échelons, et le plus accessible aujourd'hui sera celui de l'assemblée nationale, il nous faut nous en saisir! "Résistance! Résistance! Résistance!" résonne alors dans les rues de Saint-Gilles.
Fin de soirée. Les discussions ne finissent pas, mais le constat est clair et la lucidité revenue, le goût de l'action nous réhabite. L'humour, l'enthousiasme qui nous a habité six mois durant reprend place. Certains saluent la position de notre candidat de ne pas donner de consigne de vote. Les insoumis sont divisés sur la question du vote au second tour, mais une chose est sûre, ce n'est pas une consigne qui les fera fléchir, ils seront insoumis jusqu'au bout. La France Insoumise recueillera dans les jours à venir les points de vue des insoumis via la plateforme JLM2017.fr comme elle l'a fait jusqu'ici pour prendre des décision démocratiques. C'est là tout l'esprit de notre mouvement, pour une révolution des pratiques politiques et un engagement citoyen de tous.
Le réveil du lendemain se fait plus dur. Tout cela n'aurait put être qu'un mauvais rêve et pourtant les faits sont là. Les médias ne se privent pas d'injures en tout genre et d'enfiler des analyses moins fiables les unes que les autres. J'éteins mon poste de radio.
Regardons les résultats en face plus en détail. En Belgique Jean-Luc Mélenchon est à 20.4%. Un score plus élevé qu'au niveau national de près d'un point. Victoire! Notre dynamique locale a payé. Nous tirons le score vers le haut. Et nous pouvons continuer. Nous devons continuer, baisser les bras après un tel score serait insensé. Ouf, l'insoumission ne s'est pas éteinte.
La journée commence. Une journée de plus, l'esprit ne se pliant pas sous les coups du mépris médiatique, le coeur libéré de tout regret ou nostalgie.
"Que vienne les jours heureux et le goût du bonheur"
Lucien Heurtier
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