Billet d' insoumis : Pourquoi voter Sophie Rauszer le 4 juin prochain ?
Chers amis français,
vous vous doutez pourquoi je viens encore troubler votre week-end ensoleillé : les législatives approchent. Et en Belgique, attention, le premier tour est le dimanche 4 juin, avec une semaine d’avance sur le vote en France !
Où que vous soyez, il ne faudra pas se tromper dans la multitude des candidatures. Sauf à Marseille où il se présente, ce n’est plus Jean-Luc Mélenchon seul qui porte le programme que je soutiens plus que jamais.
L’Avenir en commun est désormais porté par tous les candidats de la France Insoumise, têtes nouvelles et souvent bien faites. Repérez bien leurs noms dans votre circonscription.
Dans le Benelux (4e circonscription des Français de l’étranger), nos candidats sont Sophie Rauszer et Pierre Lavéant.
Vous pouvez faire connaissance sur cette vidéo et sur le blog de la France Insoumise Belgique.
Si vous êtes en France, vous trouverez toutes les infos sur les candidats de votre circonscription sur la carte interactive de la France Insoumise.
Normalement, pour vous y retrouver le jour du vote, le phi de la France Insoumise sera imprimé sur les bulletins.
Bon, tout ça est bien joli, me direz-vous, mais pourquoi aller voter pour ces Insoumis qui persistent à jouer les empêcheurs de macroniser en rond ?
Une légère somnolence bien compréhensible peut se faire sentir après les émotions fortes de la présidentielle. La série était trépidante, le scénario bien ficelé par les médias mainstream, et la fin attendue qui voit le jeune héros triompher du monstre. Fin de la saison 1. Happy end ? Oui, ne boudons pas notre soulagement, bien que temporaire. Vu de l’étranger, c’est d’ailleurs la seule lecture qui est faite : le FN battu et Macron rendant à nouveau la France présentable. Que demande le peuple ?
Eh bien, le peuple demande toujours les mêmes choses : que la vie quotidienne s’améliore enfin, que l’avenir s’éclaire et que la planète reste vivable pour ses enfants, que la chaleur humaine remplace la froideur technocratique, que le sens du bien commun supplante l’individualisme forcené qui n’est que la loi du plus fort, du plus malin, du plus malhonnête.
Toutes choses que je sens être, dans les discussions sur les marchés ou avec les amis, le vrai dénominateur commun entre les citoyens, qu’ils soient salariés du privé ou fonctionnaires, « inclus » ou précaires, paysans ou petit patron. Et quoi qu’ils aient voté. Toutes choses qui dépassent, sans les effacer, les oppositions traditionnelles entre la droite et la gauche pour poser un débat de civilisation. Toutes choses susceptibles de réintégrer dans le pacte républicain certains de ceux qui ont voulu renverser la table en votant FN, quelle que soit la médiocrité de leur candidate et quelles qu’en soient les conséquences. Toutes choses enfin qui sont la colonne vertébrale du programme L’Avenir en commun, porté par Mélenchon à la présidentielle et désormais par les candidats de la France Insoumise aux législatives.
Ces valeurs partagées par le plus grand nombre, quelle politique sera la mieux à même de les faire vivre ? C’est tout l’enjeu de ces législatives, dernier scrutin national avant plusieurs années.
Comme dans toute bonne série, le happy end est provisoire. La saison 2 apportera son lot de surprises. L’histoire ne s’arrête pas, elle s’écrit au jour le jour, non par des scénaristes cachés mais par nous tous. Certes, les médiacrates peuvent infléchir le scénario. Leur appel lancinant au « vote utile » dès le premier tour a détourné vers Macron suffisamment de voix pour empêcher Mélenchon d’être présent au second. Avouez que ça aurait eu plus de gueule, ne serait-ce que pour l’image de la France, d’éjecter la droite rance dès le premier tour et d’offrir en vue du second un vrai duel d’idées au lieu des injures et du vide ?
Mais il fallait absolument l’épouvantail Le Pen pour masquer la supercherie du candidat de l’establishment. Mission accomplie : le jeune premier au discours flou, qui n’avait rassemblé par conviction que moins de 20 % des inscrits au premier tour (une fois retiré le vote « utile » des gens de gauche sincères mais apeurés) se vit massivement élu au second par tous ceux (dont moi) qui voulaient éviter le pire. Et que croyez-vous qu’il fit : il endossa le rôle monarchique dès le premier instant, oubliant, comme le Chirac de 2002, à quelles voix et à quelles circonstances exceptionnelles il devait sa victoire. Nul étonnement de ma part : c’est dans la logique perverse de la Ve République que d’offrir le pouvoir suprême à un minoritaire. C’est bien pourquoi il faudra un jour passer à la VIe.
Et l’héritier d’Attali et de Hollande mit la droite aux manettes, pour faire l’exacte politique réclamée par le Medef. Avec juste ce qu’il faut de com’ et de ralliements sincères (Nicolas Hulot, écologiste convaincu et estimable) pour entretenir l’illusion, au moins le temps des législatives. Mais loin de la modernité affichée, Macron s’inscrit dans la continuité de l’idéologie dominante depuis trente ans : le néolibéralisme qui exige la modération salariale, la prééminence du secteur financier, l’« ouverture » du marché du travail, la privatisation accrue de la santé, bref, le démantèlement de toutes les régulations mise en place depuis la guerre avec le programme du Conseil national de la Résistance.
Reconnaissons à notre fringant président un talent certain : avoir berné le vieux monde des partis en éparpillant le PS à la présidentielle et en faisant éclater la droite pour cette législative. Et un mérite indiscutable : accélérer comme jamais la recomposition politique indispensable. En ce sens, loin de diaboliser Emmanuel Macron, il faut le reconnaître comme un adversaire respectable, au programme désormais clair : de droite, au service des « élites », mais avec un souci de plaire qui le rend plus avenant que celui de la vieille droite cynique et décomplexée.
Le paysage commence à s’éclaircir. D’un côté nous avons la droite la plus bête du monde, dont une partie a consommé son flirt avec le FN (un tiers des électeurs de Fillon se sont reportés sur Le Pen). De l’autre la vieille gauche ringarde, productiviste et nucléariste, incarnée par ces apparatchiks du PCF qui ont préféré rompre avec la France Insoumise plutôt que d’assumer le programme L’Avenir en commun (et aussi, disons-le, pour ne pas partager la rente de leurs députés). A l’extrême droite, le FN est durablement affaibli par ses divisions internes et l’échec cinglant de son projet xénophobe. Côté écologistes, EELV en est réduit au rôle de figurant. Quant au PS… y a-t-il encore quelque chose à dire de ce pauvre « PSFIO » fourvoyé dans le social-libéralisme et renvoyé à ses scores d’il y a cinquante ans ?
Retrouvons ce bon Antonio Gramsci que je ne me lasse pas de citer. Oui, le vieux monde se meurt, nous avons repoussé le monstre – du moins pour cette fois – et un nouveau monde est en train de naître. En ce sens, la République en marche et la France Insoumise sont bien les deux forces pivots de cette nouvelle donne politique. Deux rassemblements de citoyens motivés, conscients (quoique certains « marcheurs » se sont pris les pieds dans le tapis…) qui ont éjecté les vieux partis de gouvernement et leurs notables. Que beaucoup de ces notables du vieux monde trouvent à se recycler dans La République en marche, désormais devenu un parti, est une donnée importante pour juger du prétendu « renouvellement » annoncé.
La saison 2 de la recomposition s’ouvre donc avec ces législatives. Quel que soit son score, la France Insoumise fera son entrée à l’Assemblée nationale comme seule force crédible d’opposition aux mesures néolibérales du gouvernement. Nos députés ne seront pas là pour mener une opposition systématique et stérile, mais pour imposer un débat constructif sur tous les sujets d’avenir, en s’appuyant sur un programme clair, L’Avenir en commun, qui a su convaincre plus de 7 millions d’électeurs à la présidentielle. Imaginez un instant un Parlement godillot où seule la droite dure serait en position d’infléchir dans son sens les décisions du gouvernement ? Cela signifierait une politique de régression sociale telle que les laissés-pour-compte se jetteraient à nouveau dans les bras du FN.
Nous avons au contraire l’occasion d’envoyer en force à l’Assemblée nationale des députés qui offriront une réelle alternative sociale, écologiste et humaniste aux oubliés de la « mondialisation heureuse ». Saisissons cette chance.
Bien à vous,
François
Post scriptum : si vous êtes convaincu, et comme une campagne coûte cher, n’hésitez pas à apporter votre obole en faisant un don ici, même modeste.
A voir et à lire :
La chaîne YouTube de la France Insoumise
https://www.youtube.com/channel/UCKHKSD-yanY2ZwwU_4Tgf0w
L’entretien de Jean-Luc Mélenchon avec Jean-Jacques Bourdin, journaliste réputé pour être sans complaisance
Jean-Luc Mélenchon avec Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV le mercredi 10 mai 2017
La tribune du politologue Rafaël Cos sur le programme de Macron dans le Monde
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